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Fondamentalisme religieux – partie 1 / Fondamentalisme et extrémisme religieux

By Laëtitia • 20 avril 2016 • Société

Si je vous dis « fondamentalisme religieux », vous me dites… ? Charia ? Islamisme ? Daesh ? Terrorisme ? C’est vrai que l’expression est aujourd’hui devenue courante, quasi automatique même, pour parler des mouvements terroristes islamistes.

Or le « fondamentalisme religieux » ne se retrouve pas que dans l’Islam, et il ne doit pas être non plus confondu avec le terrorisme.

Un fondamentaliste n’est pas nécessairement un terroriste ; un terroriste n’est pas nécessairement un fondamentaliste ; un musulman n’est pas nécessairement fondamentaliste ; un fondamentaliste n’est pas nécessairement musulman… Vous suivez ?

Aux origines…

Avant tout, il est important de faire la différence entre « extrémisme » et « fondamentalisme ». Si dans le langage courant on a tendance à utiliser les deux termes sans distinction, leur sens n’est pas tout à fait le même. Confondre les deux, c’est déjà faire un amalgame.

Le fondamentalisme religieux, ce mouvement protestant états-unien[1]

Etre fondamentaliste, c’est quoi ? C’est vouloir respecter à la lettre les règles et doctrines d’origine d’une religion. N’importe quelle religion. Et chers vous et moi, nés de culture judéo-chrétienne, il est temps de balayer devant sa porte : le mot « fondamentalisme » est à l’origine le nom d’un mouvement protestant qui s’est développé au début du XXe siècle aux Etats-Unis et dont le but était de retourner à une lecture littérale de la Bible : Adam et Eve, la création du monde en sept jours, l’Arche de Noé, ne seraient point des allégories, mais que pure vérité. (Darwin, si tu nous regardes…)

Autre point important, à la base le terme « fondamentalisme » n’est pas péjoratif. A l’origine, ce sont les partisans du mouvement favorable à un retour à une lecture littérale de la Bible qui s’étaient eux-mêmes nommés ainsi. Il s’agissait pour eux de retourner aux « fondements » de la religion chrétienne.

Aujourd’hui, le mot fondamentalisme est devenu un nom commun qui s’applique à tout mouvement revendiquant suivre les fondements de sa religion, sans l’adapter aux évolutions des sociétés et des mœurs.

Pour les fondamentalistes, Dieu est au-dessus des hommes et donc au-dessus des évolutions de leurs sociétés. Ceux qui sont pour le fondamentalisme parleront de retour purificateur aux sources de la croyance, ceux qui sont contre diront qu’il s’agit de conservatisme réactionnaire ne respectant pas l’évolution de la condition humaine.

Mais pourquoi le fondamentalisme religieux cristallise-t-il autant de tensions ?

Après tout, libre à chacun de vivre comme il l’entend et selon les préceptes qu’il souhaite, qu’ils soient millénaires, séculaires ou décennaux…

Peut-être parce que la religion ne se résume pas à la simple spiritualité. La différence ? La spiritualité renvoie à une croyance et une pratique individuelles. Vos pensées à propos de Dieu et vos pratiques quotidiennes dans votre salon n’ont pas d’impact sur les autres. La religion en revanche, c’est différent. Elle implique une spiritualité certes, mais qu’elle associe à un sentiment d’appartenance à une communauté ayant la même spiritualité. La religion n’est pas individuelle, elle est donc sociale… Et alors, me direz-vous ?  Au lieu de prier et mettre de l’encens dans son salon, on le fait en groupe dans un lieu de culte, c’est pareil. Eh bien non, justement. Les conséquences sont même radicalement différentes !

La spiritualité, c’est la croyance en l’existence d’une entité métaphysique et supérieure à l’homme, Dieu au sens le plus large du terme. Point final. Vous pouvez un jour l’imaginer comme de l’énergie pure, un vieux monsieur à longue barbe, une guerrière grecque, un éléphant volant ou une licorne arc-en-ciel, et choisir d’adapter votre quotidien en fonction de votre croyance, votre ressenti, vos besoins.

La religion en revanche implique non seulement de croire en Dieu, mais également de reconnaître appartenir à une communauté croyant au même Dieu, observant les mêmes règles de vie et acceptant d’être guidée par un même groupe d’experts de cette religion, le clergé. C’est plus cadré.

Si la spiritualité est totalement personnelle, la religion a elle des conséquences sociales puisqu’elle organise une société ou une partie d’une société.

La religion joue un rôle important dans la construction des repères et de l’identité des individus croyants, sans parler du pouvoir exercé par le clergé sur cette communauté ou cette société pendant des siècles. Remettre en cause le fonctionnement d’une religion, c’est donc remettre en cause cette autorité, mais également les repères des croyants et ce qui a forgé leur identité la plus intime.

Maintenant que la distinction entre la spiritualité et la religion est faite, revenons au fondamentalisme religieux.

Le fondamentalisme implique un suivi strict des règles et pratiques religieuses traditionnelles, c’est-à-dire censément établies lors de l’apparition de cette religion ou peu après, il y a plusieurs siècles voire millénaires. Le rapport avec les sociétés humaines, par définition en perpétuelle évolution, peut donc rapidement devenir conflictuel…

Le fondamentalisme touche plus particulièrement les religions dites du Livre, c’est-à-dire les religions dont la source de référence est écrite : La Torah, la Bible et le Coran. C’est en effet plus facile de vouloir « retourner aux sources des écrits » et « suivre une lecture littérale » pour ces religions, que pour des religions dont la Tradition est orale et donc de facto beaucoup moins figée !

Et l’extrémisme religieux, c’est quoi alors ?

Le caractère total et sans condition d’une lecture littérale d’un Livre a amené à considérer le fondamentalisme comme une forme d’extrémisme religieux. Cependant l’extrémisme religieux ne se limite pas au simple fondamentalisme. Il n’est en effet pas nécessaire de vouloir retourner aux « fondements » de sa religion pour tomber dans l’extrémisme ; il y a extrémisme dès qu’une pratique religieuse est radicale et sans concession, que cet extrémisme se base sur une lecture littérale de la Source ou une simple conviction personnelle.

Notez cependant que le mot « extrémisme » implique déjà un jugement de valeur. On ne se considère pas soi-même comme extrémiste, ce sont les autres qui nous qualifient d’extrémiste par rapport à leur norme.

Prenons par exemple l’Inquisition. Les Inquisiteurs ne se considéraient pas comme des extrémistes, même s’ils interdisaient des livres et brûlaient des gens ; ils se considéraient comme de bons croyants et des juges de Dieu. Plusieurs siècles plus tard, nous considérons l’Inquisition comme une forme d’extrémisme par rapport à notre vision moderne de la religion. Tout dépend du point de vue.

Outre l’origine des termes, la différence principale entre le fondamentalisme et l’extrémisme religieux est dans la perspective qu’on prend et le jugement que l’on porte sur ce courant religieux. Ça peut vous paraître futile comme différence, mais pour un sujet aussi délicat, les raccourcis et amalgames sont moins que bienvenus !


[1] Oui, je dis Etats-uniens, et pas Américains. L’Amérique est un continent, les Etats-Unis un pays. Ce serait comme dire « Angela Merkel est la Chancelière des Européens. » ou encore « En été les Européens adorent porter le combo chaussettes-sandales. » Vous voyez où je veux en venir ?

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« Pourquoi l’histoire ? » C’est la dernière question qu’on me posa lors d’un entretien d’embauche il y a quelques mois. Pourquoi j’ai choisi d’étudier l’histoire ? Il y a quelques années, j’aurais simplement répondu parce que j’aime l’histoire, comme j’aime les romans. Mais aujourd’hui, avec un master recherche dans ma valise, ça m’apparait clairement : l’histoire, c’est le premier pas pour qui veut changer le monde... En savoir plus sur Laëtitia & Nota Bene

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